A la vérité, au départ, ce devaient sans doute être des égoûts. Je dis ça mais, vous savez, je n'en suis pas vraiment sûr. Toujours est-il que ces galeries sillonnent le ventre du village, le creusent de galeries. Des rumeurs courent sur leurs habitants : des révoltés y auraient élu domicile. C'est également dans ces souterrains, au plus près de la surface, que se sont cachés les descendants des familles qui, cinquante ans plus tôt, avait résisté à l'exportation des habitants. Certains y vivent encore, et y ont aménagé des sortes de petites habitations.

Il n'est pas loin de la prairie, et, de là, on peut y voir le champ et l'étang. Délicieux spectacle, illusion de liberté pour les enfants qui y jouent. On y trouve des balançoires, des tourniquets, à la mode des années cinquante ou soixante. Au vu du manque de jeunes enfants, l'endroit est souvent désert.

Il est à l'extrémité est du village, derrière le square. Aux premières arrivées des fourgons, il n'y avait plus rien à cet endroit, rien qu'un immense hangar de tôle, complètement vide. Les habitants l'ont peu à peu réaménagé : c'est à présent un espace où règnent l'agitation et le bruit, un lieu d'échange, de ce que l'on n'a pas tardé à appeler "contrebande". Les plus respectueux du gouvernement évitent d'y mettre les pieds, et c'est là que les rumeurs courent le plus vite.